Trail de Guerlédan 2022
L’analyse de ma course du Trail de Guerlédan
Préambule
Je tiens d’abord à remercier tous les bénévoles et l’organisation en général pour avoir organisé cette édition 2022. Le balisage était au top, le circuit était très bien tracé et l’ambiance formidable! Dans cette analyse de course, je vais raconter brièvement l’enchainement du championnat de France de Trail à la Pastourelle (53km) et du trail de Guerledan (65km). Je pense avoir réussi plus que largement à atteindre mes objectifs sur ces 2 courses en terminant respectivement 8ème (1er Espoir) et 1er. Je vous invite à aller voir la vidéo réalisée par les Golden Trail National Series.
L’édition 2022 du Trail de Guerlédan
Le parcours du trail de Guerlédan est réputé roulant. Attention, le terme roulant ne veut pas dire facile! Bien au contraire, les difficultés sont différentes. On m’a beaucoup demandé si le trail de Guerlédan était facile par rapport aux trails en montagne. On m’a également demandé de comparer les championnats de France de Trail au Trail de Guerlédan. D’ailleurs je vous invite à aller lire mon article sur mon championnat de France de Trail Long. Voici un tableau récapitulant mon opinion:
Le trail de Guerlédan est nerveux. C’est-à-dire que l’on ne peut pas vraiment poser son rythme. On enchaine les montées raides durant lesquelles il faut marcher pendant quelques secondes puis soudain il faut relancer car c’est plus roulant. Il y a de nombreux virages, de passages techniques pas forcément très longs mais qui demandent d’être engagés à 100%. Inversement, au championnat de France de Trail, les efforts étaient plus linéaires avec moins de changements de rythme. C’est très différent mais très difficile. Sur le tableau que j’ai fait, on constate que les allures sont assez similaires sur les 2 trails malgré un ratio distance/dénivelé légèrement différent.
Distance en KM
D+
En voyant le parcours du trail de Guerlédan, j’ai décidé de couper le parcours en 4 portions. Du départ au km 11, le parcours n’est pas très technique et on va très vite. Ensuite du km 11 au km 30, c’est une boucherie! C’est des montagnes russes interminables qui usent physiquement. Puis on passe ensuite a une portion de la course plus roulante du km 30 au km 52 avant de terminer la course sur un final qui propose un enchainement de 3/4 longs taquets.
Récupérer après un trail long
J’ai fait le pari osé d’enchainer le France de Trail Long et le Trail de Guerlédan. Il n’y avait que 9 jours entre ces 2 trails et beaucoup de personnes ont été surpris par ce choix. Premièrement, j’ai voulu faire Guerlédan car c’est une course qui me tenait à cœur, étant donné que j’ai fait mon enfance pas très loin. Deuxièmement, je me suis dit que c’était l’opportunité d’essayer de bien figurer au classement des Golden National Trail Séries. Troisièmement, en terme de préparation, l’enchainement de 2 trails est une bonne option. En effet, le France de Trail Long m’a fissuré les jambes qui ont pu se reconstruire durant les 9 jours qui suivent pour être encore plus résistantes lors de Guerlédan. J’en ai discuté avec quelques athlètes et la plupart d’entres eux ont été meilleurs en enchainent 2 trails à une ou deux semaines d’intervalles. Je n’avais pas de douleurs parasites après la Pastourelle, les jambes avaient été très bonnes alors pourquoi se priver de recourir 9 jours après ? J’aurais eu que 5 ou 7 jours de battement entre les courses, j’aurais probablement dû m’abstenir pour éviter au maximum l’excès de fatigue et le risque de blessure mais 9 jours laissaient suffisamment de récupération.
Ce que j’ai fait concrètement:
27/05: Trail de la Pastourelle + après-midi debout au soleil fatiguant. Nuit courte le soir de la course (4-5h de sommeil max)
28/05: Repos/Mini footing pour encourager les copains + 2h de route
29/05: Repos + trajet 7h00 de route
30/05: 1h00 vélo en souplesse
31/05: 1h00 footing très très souple avec douleurs parasites/ 40′ vélo elliptique + gainage
01/06: Rappel VMA (1k tempo en 3’20/km + 15 x 30″/30″) Encore des traces de douleurs parasites aux tendons, sensations mauvaises.
02/06: Footing vallonnée assez dynamique 10,5k, 470m d+ en 56′ avec cette fois de bonnes sensations.
03/06: Repos complet pour éliminer le résidu de fatigue
04/06: Veille de course légèrement plus longue que d’habitude pour essayer de retrouver des sensations. Footing + 1k tempo + LD pour un total de 51′
05/06: Trail de Guerlédan, bonnes sensations.
Mon protocole alimentaire trail long
Chaque heure -> 500ml eau (Saint-Yorre/Robinet) + 1 gel énergétique SIS contenant 40g + 1 gel 20g de glucide avec ou sans caféine. Je conseils les gels SIS qui contiennent un bon ratio maltodextrine/fructose ainsi qu’une quantitée de glucides importantes dans un seul gel. Pour être performant en course, il est important de bien s’alimenter!
Tout a été planifié. J’ai pu courir léger en transportant peu de choses. Mais un seul détail important a noter… ils ont modifié le parcours en rajoutant 2km et pas mal de dénivelés ces coquins. Du coups, j’ai couru 30 à 40′ de plus que prévu!
Ma course au Trail de Guerlédan
Départ au km 11:
Après un échauffement classique, 10′ de marche/course + éducatifs + 2 accélérations, je me sens prêt à faire la course. Sur la ligne de départ, je me dis comme d’habitude… qu’est ce que je fou là. Je vais vraiment courir au taquet pendant 65km ? Pas trop le temps de réfléchir plus, le starter donne le départ, c’est parti! On commence directement par une montée de 10% environ sur la route qui se grimpe rapidement. Dès cette montée, je sens que les jambes sont bonnes, je monte assez fort pour me placer assez bien dans le chemin qui se rétrécit en haut. Ensuite on alterne montées, descentes, replat pendant quelques kilomètres, on est parti quand même rapidement et le groupe de tête s’est détaché. Je ne connais pas tous les coureurs mais je sais qu’il y a Jonathan Parisé, Vincent Rouxel et Robin Juillaguet avec nous. Je passe au premier ravitaillement avec eux sans avoir trop forcé malgré le fait que nous étions déjà a des allures rapides. D’ailleurs, 50′ de course et j’avais déjà consommé un gel de 40g de glucides + 250ml d’eau. Il faut partir doucement, consommer des glucides dès le début de la course pour épargner les réserves en glycogène. Sinon, on explose rapidement. D’après une étude, il serait plus intéressant de partir doucement pour moins souffrir tout en conservant une performance identique a un départ rapide.
Km 11 au km 33:
A partir du premier ravitaillement, on bascule avec notre groupe dans une partie que j’appelle les montagnes Russes. Au bout de quelques km, je fais le constat que tout le monde dans le groupe monte fort, suffisamment pour moi, mais j’ai l’impression d’être ralenti en descente. Je décide d’attaquer dans une descente pour être seul et imposer mon rythme. A ma surprise, Robin Juillaguet me suit et me dépasse même dans la côte suivante. On s’est ainsi relayé pendant presque 15km. Un coup il était 15-20″ devant, un coup c’était moi. Je préférais ne pas le suivre en côte pour vraiment éviter de trop faire monter le cardio et ainsi préserver de l’énergie pour la fin. J’ai commencé a douter un peu quant à ma gestion de course car Robin avait l’air très fort en bosse et malgré notre grosse accélération, on avait moins de 2′ d’avance sur le groupe de derrière. La question qui me tracassait était la suivant: Le danger, vient il de derrière ou de Robin ?
km 33 au km 52:
J’ai eu réponse à cette question assez rapidement en passant le ravitaillement du 33ème km. La fatigue commençait à se faire sentir, comme je le craignais. Le but était d’arriver à ce point de la course en étant capable de relancer. En effet, je connaissais bien cette partie du parcours au bord du lac contrairement au reste de la course. J’ai bien relancé sur cette partie roulante en distançant Robin. Quelques kilomètres plus loin, crampes! Ouch, je dois m’arrêter sur le bas côté pendant presque 1’… Robin me rattrape et je commence à paniquer. La côte suivant… pareil, impossible de courir! Pourquoi je crampe toujours aux adducteurs après 3h00 de course ? Les réserves de glycogènes sont-elles vides ? Je décide de prendre une double dose de gel et de bien boire. Je dépasse encore Robin qui semble craquer lui aussi. Je commence à douter à ce moment là de la course. J’ai peur que l’on soit parti trop vite! Malgré tout, j’arrive à alterner petit trot en bosse et relance en descente. Je crois constamment que l’on va me rattraper mais je continue mon effort. J’arrive assez surpris toujours en tête au 52ème km. Maintenant, on reprend les grosses côtes… les crampes, ça passe ou ça casse.
Km 52 à l’arrivée:
On débute l’enchainement de 3 grosses côtes. Dans ma tête, il n’en reste que 2. La première se passe bien, j’arrive à monter en courant sans crampe. Je suis content car j’ai vraiment paniqué avant d’aborder cette partie de la course. La deuxième côte me surprend… c’est la fameuse montée infernale très très raide. Je décide de ne pas monter à fond pour bien relancer en haut et ne pas risquer de cramper. Anthony Boucard qui termine deuxième de la course me reprend presque 30″ dans cette côte et pointe seulement à 1′ derrière moi au sommet. Je suis assez confiant à ce moment car la descente est assez technique et je sais que c’est à mon avantage. J’en profite pour descendre fort, chaque secondes comptes maintenant. J’arrive en bas de la dernière bosse, je peux estimer l’écart avec le deuxième sur une portion assez roulante avant d’aborder la montée finale. Je remarque que j’ai creusé l’écart. La course est très difficile pour moi physiquement mais je tiens le bon bout. A moins d’une défaillance, j’ai gagnée la course. Je fais la montée en marchant… impossible de courir à cause des crampes. Je ne peux juste pas forcer mais une fois au sommet je peux repartir à fond. Ensuite, c’est course gagnée, plus que la dernière descente avant de savourer cette victoire! 🙂 Bim, mon pied heurte un cailloux, je chute et me fait mal à l’orteil… la course n’est pas finie, il faut rester lucide! Bref, je fais encore plus attention sur cette fin de la descente et une fois en bas, je peux enfin savourer cette victoire.
Débriefing de ma course
pCe comparatif d’effort est intéressant. Comme je l’ai raconté précédemment, un groupe s’est formé en tête de la course. Seul Francis Garnier qui termine bien a préféré ne pas nous suivre. En regardant un peu sa course, on constate qu’il finit fort par rapport à Vincent Rouxel par exemple. Sa gestion de course était pas trop mal. Sinon, si on regarde attentivement ce comparatif, on voit qu’à partir du 20ème kilomètre, je suis devant avec une maigre avance sur le groupe. Cette petite avance, je l’ai conservé jusqu’au 30ème kilomètre. A partir de ce moment, j’ai commencé a creuser plus sérieusement l’écart par rapport aux autre. Je pense que c’est lié à plusieurs raisons. J’ai de meilleures références que les autres sur le plat en terme de vitesse et les portions roulantes sont à mon avantage. Ensuite, je suis arrivé sur cette partie de la course dans l’optique d’augmenter l’intensité. Pour finir, c’était la seule partie de la course que je connaissais donc je pouvais engager plus dans les parties techniques. On voit toutefois au 37ème kilomètre que je perds 45″ d’un coup. C’est mon premier arrêt causé par les crames. Ensuite, s’il l’on s’intéresse plus à moi et Jonathan Parisé, on peut voir que j’ai vraiment fini plus fort que lui à partir de 55ème kilomètre. Encore une fois, c’est en rapport à mon récit de course précédent, j’ai réussi à finir assez fort. Je souffrais beaucoup mais comme on dit, le fait d’être en tête d’une course donne l’ascendant psychologique!
Points + | Points – |
Bonne gestion de course | Pensées négatives trop importantes (manque de confiance) |
Bonnes sensations (bonne préparation ?) | Crampes (Départ trop rapide, manque de sommeil la veille, alimentation ?) |
Protocole alimentaire bien suivi (merci aux ravitailleurs de luxe) | Hypoglycémie à l’arrivée (continuer à s’alimenter dans les 30 dernières minutes de course |
Bien dans les parties techniques (musculairement solide) | Prendre plus de temps aux ravitaillements pour boire etc… |