Trail de la Pastourelle
La préparation trail long
Ma préparation pour le championnat de France de Trail a été bien construite. Tout d’abord, voyons cela sur la saison entière. Jusqu’en début mars, j’ai gardé un volume d’entrainement modéré et des semaines stéréotypées jusqu’au Trail du Ventoux. Après ma 11ème place sur ce format de 48km, j’ai coupé et rapidement repris à m’entrainer sérieusement 1 semaine après. Les semaines étaient encore stéréotypées mais plutôt chargées en terme de volume d’entrainement à pied. J’ai ensuite couru aux championnats de France de trail universitaire le 16 avril. Une course de 17km très mauvaise pour ma part avec des problèmes gastriques et une grosse fatigue pendant la course. Ensuite les choses ont changées, Patrick Bringer a fait ma trame d’entrainement jusqu’en mai. Entre le 17 avril et le championnat de France de trail, j’ai accentué la rigueur à l’entrainement et ai fait plus attention à mon alimentation. Je me suis donné les moyens d’être en forme le jour J. Si l’on veut être compétitif sur une telle course, je pense qu’il est presque obligatoire d’être coaché. Patrick m’a effectivement beaucoup aidé!
On peut voir qu’à partir de la semaine de 17/04, j’ai sérieusement augmenté le volume d’entrainement, surtout en vélo (bâtons roses sur le graphique). J’ai conservé une charge d’entrainement à pied similaire. Pourquoi cela ? Je pense que courir plus était risqué pour moi car c’est ma première année de préparation spécifique trail long. Je suis donc resté prudent quant au stress mécanique sur mes muscles et tendons durant toute ma préparation en choisissant de m’entrainer un peu plus sur le vélo.
2 semaines types d’entrainement du 18/04 au 01/05 2022 =
S: France de Trail Universitaire | 18k et 750 d+
L: 7h trajet voiture pour aller en Bretagne = repos
M: Vélo 3h00 avec efforts en groupe / Footing 10k souple
Mr: 150k vélo vallonné seul en lipolyse
J: Footing AJ / PMA 20 x 30″ en côte récup 45″ descente + 3k plat à 3’35/km
V: SPE Trail sortie de 2h30 avec 3 x 30′ à bloc / 1h vélo souple
S: 2h de vélo avec toutes les côtes grand plateau au seuil
D: 115km en vélo rythmée (35 de moyenne) + 20k plats enchainés à pied en 3’50/km
L: Footing AJ / Vélo 1h00 avec 8 x 10″ sprints
M: PMA 15 x 45″ en côte récup = 1′ descente + 4km plat à 3’30/km / Vélo 2h00 avec côtes sur le grand plateau au seuil
Mr: SPE Trail à Guerledan 30′ footing + 2 x 1h vitesse spécifique trail + 15′ à bloc en fin de sortie sur grosse fatigue
J: Repos, trajet Bretagne-Bourges
V: Footing 1h souple à plat
S: Trajet 3h puis 1000m D+ au petit trot
D: Sortie longue trail en prise constante, 33k pour 2100m D+ en 3h45
Photo en pleine sortie spécifique trail au Puy de Sancy
Points importants de la préparation trail long:
– 2kg de perdu entre le 17 avril et le départ de la course le 28 mai. J’ai mangé beaucoup et qualitativement pour progressivement m’affuter.
– Pas mal d’entrainements en lipolyse avec des footings AJ ou bien des sorties avec des réserves en glycogènes épuisées préalablement.
– 1 séance hebdomadaire de force maximale en salle de musculation .
– Très peu d’intensités très courtes, beaucoup de vitesse spécifique trail ou séances typées tempo sur le plat à 3’50/km.
– Très peu de sorties réalisées avec de bonnes sensations car beaucoup de travail sur la fatigue.
– Plages de récupérations de 3 J quasiment off à pied pour récupérer à certains moments importants.
– Une sortie longue pour reconnaitre une partie du circuit des championnats de France de trail.
– 2 semaines d’affutage avant la course avec un volume d’entrainement très réduit et un régime un peu plus riches en glucides les 3 jours précédent la course.
L’avant course trail long
La veille de la course, j’ai fait un petit footing de 25′ suivi de 4-5 accélérations sur piste pour me dégourdir les jambes. Ensuite, je me suis rendu en début d’après-midi chez Fabien qui nous a hébergé durant ce WE de compétitions. On a passé un moment sympa, un repas de course classique (riz, œufs et yaourt) puis je suis allé me coucher assez tôt. J’ai très mal dormis, pas plus de 3-4h mais c’est déjà ça de pris.
Mon équipement trail:
– Maillot de club du CAA.
– Cuissard Evadict avec poches pour flasques de 500ml
– Sac hydratation salomon pour transporter les gels, le matériel obligatoire (téléphone, couverture de survie, sifflet).
– Chaussures Salomon S-LAB sense
Mon protocole alimentaire trail:
J’ai fait une fiche pour bien tout planifier en terme d’alimentation. J’ai eu la chance d’avoir les membres du TEAM pour me donner flasques et gels à presque chaque ravitaillement. Cela m’a permis de courir plus léger. Mon protocole alimentaire en course est assez simple. Chaque heure je prend 2 gel Beta Fuel SIS + environ 500ml d’eau. (300ml d’eau plate + 200ml d’eau minérale type Saint-Yorre). Ca me fait environ 70-80g de glucides par heure.
Ma course au championnat de France de Trail Long
K0 – K14: La première partie de course est composée d’une sorte de long faux plat montant sur des traces à travers champs. J’avais pour consigne de partir prudemment et je ne l’ai pas trop fait. En effet, la course a été dynamitée par Théo Détienne dès le départ et un groupe de poursuivant s’est rapidement échappé pour le chasser. On était environ 8 devant jusqu’au K14. J’avais d’excellentes jambes en côte, donc j’ai accroché le groupe mais j’ai commencé à avoir mal au ventre juste avant de basculer dans la descente. J’ai donc cédé 20″ sur le groupe de devant en pointant 14ème à l’entame de la descente. J’ai commencé fort la descente pour rattraper le groupe avant de m’arrêter sur le bas côté pour faire un arrêt toilette. Je m’arrête pendant 1’30 d’après Strava, une durée qui semble interminable. Je décide de repartir fort dans la descente pour essayer de rechopper le groupe avant d’entamer la première longue montée de 600m de D+. En vain, je tombe et me fait un peu mal à la hanche donc je pointe a environ 1’00 du groupe de tête en bas de la descente au K17.
K17 – K23: Cette partie de la course correspond à la montée du Falgoux. C’est un chemin de 600m D+ qui ne se marche pas pour les premiers coureurs. Nous sommes à 2 avec Valentin Bernard dans la montée, il impose un rythme qui me convient parfaitement, j’arrive à me ravitailler, je ne me mets pas dans le rouge. Tout est nickel… sauf que soudain, le chemin s’arrête, plus de jalons! On s’arrête, on panique un peu et on fait demi-tour pour redescendre un peu… mince fallait tourner à droite! On cède presque 2′ avec cette erreur d’inattention et on se fait rattraper par Paul Mathou et Alexandre Meyleu qui nous accompagne pour terminer la bosse.
Ce comparatif d’effort sur strava est intéressant à analyser. On voit d’abord mon départ rapide dans le groupe de tête avec Kévin Vermeulen (4ème de la course). Ensuite on voit mon premier arrêt dans la descente et on constate que Kévin a vraiment monté fort la première côte. D’autant plus que je me perds et me fait rattraper par Paul Mathou dans cette côte au 21ème km (Courbe bleue clair). Ensuite je colle aux basques de Paul avant qu’il ne me prenne du terrain progressivement sur la deuxième partie de la course. On voit que malgrè les crampes, je maintiens un rythme correcte qui permet de maintenir à distance Martin Kern (courbe orange). Cependant, on voit qu’il me double dans le dernière côte finale. Une côte qui me fait perdre beaucoup de temps par rapport aux autres coureurs en raison de mes crampes.
K23 – K30: Durant ces 7km, on est les crètes du Cantal. C’est légèrement technique et on grimpe un premier coup de cul très très raide avant de redescendre et de monter le Puy Mary par la route. Je reste fluide dans la descente, alterne marche/course dans les montées sans me mettre dans le rouge. Je laisse partir Paul Mathou, Valentin Bernard lâche dans la descente, à partir de ce moment là de la course, je suis seul jusqu’à l’arrivée. L’idée étant d’envoyer les chevaux à la bascule au sommet du Puy Mary. J’ai un peu mal au ventre mais rien de grave.
K30 – K40: Je fais une bonne descente du Puy Mary tout en relâchement puis ensuite je commence une partie bien fatigante. On court dans des sentiers un peu techniques et très énergivores. La fatigue commence à se faire sentir et j’ai l’impression de ne plus avancer. J’ai l’impression d’exploser littéralement au K40 lors de la dernière montée avant la très longue descente finale. En effet, c’est la catastrophe, je suis bien énergétiquement mais je crampe au niveau des adducteurs. J’alterne étirements, marche, petit trot en bosse. Ouf, je bascule dans la descente! Pour ne pas trop cramper, j’essaie de ne pas trop appuyer. En plus de cela, le ventre ne va pas mieux mais ça passe. C’est dur car la descente n’est pas reposante, on court tout le temps à travers champs.
K40-K53: Simple, je descends assez bien malgré les crampes et le ventre qui fait des siennes. Dans chaque petites remontées je temporise pour ne pas devoir m’arrêter sur le bas côté et m’étirer. Je commence à être cuit, j’ai hâte que ça se termine. J’arrive en bas de la dernière descente en 7ème position avec Romain 35″ devant moi et Martin Kern seulement 1h00 derrière. Il reste 15′ de montée avant de rejoindre l’arrivée, je suis lucide et débute la côte assez fort. Quelques secondes après, je paies fort ce début de côte trop rapide avec des crampes. Je m’arrête sur le côté et me fait dépasser par Martin. Je ne sais pas s’il y a d’autres coureurs derrières, je ne suis pas serein car je suis dans l’incapacité de mettre la machine en route. Heureusement, il n’y avait personne. Je termine la course tant bien que mal à la 8ème position au scratch. Ce résultat me permet de franchir la ligne en étant le premier espoir et par conséquent, je devient champion de France! A ce moment, je suis plus que content de ma course, le contrat est rempli! A froid, je me dis que cette course m’a permis d’acquérir beaucoup d’expérience et qu’il faudra changer quelques petits détails pour être encore meilleur. Je sais que sans mon arrêt dans la première descente, j’aurais collé au groupe des premiers et la dynamique de course aurait été changée.
Débriefing de course